Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle comprenait alors plus de 120.000 habitants, commerçait avec les rivages de la Méditerranée et les côtes de Guinée, et avait fondé des comptoirs où elle expédiait le sel et l’or.

Sa position au coude du Niger, à la jonction de tant de coulées latérales, chemins naturels des caravanes, en avait fait le lieu d’échange le plus fréquenté entre le Sahara et le Soudan.

Appelée Toumboutou par ses habitants, Toumbutkou par les Touaregs, Tin-Bouktou ou Puits de Bouktou par les Arabes, elle figurait déjà en 1315 sur les cartes européennes.

Mais sa richesse même l’avait désignée au pillage : une première fois, elle avait pu échapper par sa distance même aux tentatives de l’empereur du Maroc, et une armée de 20.000 hommes qu’il avait envoyée contre elle s’était perdue au milieu des sables.

Mais d’autres aventuriers avaient été plus heureux, et un Espagnol d’Almeria, Djodar, devenu général au service du cherif de Marrakech, s’était présenté devant ses murs à la tête d’une petite armée de 3.500 hommes, parmi lesquels beaucoup d’Andalous comme lui, armés d’espingoles.

Il avait aisément triomphé des Songhaï, armes de lances et de flèches, avait emporté la ville d’assaut, conquis les royaumes avoisinants, et cette petite colonie de « Roumas »