Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’était pas en vain que le Sultan avait compte sur l’esprit militaire des Turcs.

Ils en donnèrent une première preuve en arrachant aux troupes bulgares et russes en retraite la place d’Andrinople, qu’un soulèvement de la population musulmane joint à la démoralisation des Russes, très éprouvés par les maladies, livra au général turc Mustapha, qui prit aussitôt toutes les dispositions pour repousser un retour offensif, et dès lors les masses noires eurent devant elles, pour s’organiser et se fondre avec l’armée régulière, un espace suffisant.

En première ligne, l’armée congolaise de Nzigué.

Elle comprenait encore 700.000 combattants, n’ayant semé environ que le cinquième de son effectif sur la route, et donnant ainsi la meilleure preuve de la vigueur de ses guerriers. Elle fut divisée en douze corps à la tête desquels furent mis des officiers turcs auxquels on donna quelques canons. Nzigué conserva le commandement général.

L’armée de Kassongo possédait encore près de mille éléphants et s’était accrue de tous les isolés qu’avait séduits la vue de ces imposants auxiliaires ; elle allait former un corps à part de 150.000 combattants presque tous maintenant armés de fusils. Kassongo, un superbe nègre de six pieds de haut, commandait, monté sur un éléphant qu’il surnommait « Kaiser », qu’il avait fait barder de fer et sur le dos duquel il avait fait dresser une tour métallique renfermant deux tireurs d’élite ; lui-même se tenait au sommet de cette construction, armé d’une carabine de précision.

L’armée des Fans ou Pahouins, maintenant fondue avec celle des Niams-Niams, leurs frères du pays des Rivières, obéissait à Pa-Moué, que guidait le féroce marabout Hadj-Bechir elle comprenait 200.000 combattants.

L’armée Massaï, qui avait forcé de marche pour être une des premières à la curée, s’était accrue également des débris d’agglomérations désagrégées en route. Elle était forte de 400.000 hommes, et ses guerriers tatoués de rouge et presque tous munis d’armes à feu perfectionnées, demandaient à grands cris qu’on leur donnât des Blancs à combattre. Son roi, le féroce Ongoro, jouissait parmi eux d’une réputation de carnage extraordinaire, et son prestige était