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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/19

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fût aperçu qu’il ne se trompait guère en disant « bientôt ».

 

C’était dans le grand caravansérail de Bulghurgi-Kjoi. Depuis plusieurs jours les Arabes atteints de maladies épidémiques y étaient recueillis par ordre du Sultan et transportés à dos de chameau à la suite de la Garde noire, dont un cordon sanitaire très rigoureux les isolait.

Trois ou quatre cents seulement avaient pu être réunis là jusqu’à ce jour à cause des difficultés de transport et installés dans les vastes salles du fondouk, où des caravanes entières, arrivant de Syrie, trouvaient jadis l’hospitalité pour la nuit.

Mais le nombre allait en augmenter rapidement, car des ordres avaient été envoyés aux chefs des armées contaminées, et ils allaient évacuer sur ce point ceux de leurs malades qui ne pouvaient supporter les fatigues de la route.

C’était, il est vrai, créer là un foyer de contagion redoutable, et les deux médecins, dénués de tous les médicaments qui leur eussent permis d’opérer sans danger pour le voisinage, acide phénique, sublimé, etc., ne se dissimulaient pas le terrible danger qu’ils faisaient courir aux troupes les plus proches ; mais leurs observations les confirmaient de plus en plus dans cette conviction que les Noirs étaient réfractaires au choléra asiatique et surtout à la fièvre jaune ; d’ailleurs, en veillant à l’observation rigoureuse des prescriptions d’Omar, pour que le cordon sanitaire qui les isolait fût impénétrable de l’intérieur à l’extérieur, ils comptaient éviter la propagation du fléau.

Ils allaient du reste se hâter d’agir.

Et un soir, une agitation inaccoutumée régna à la porte du caravansérail que des ifs et des cyprès faisaient ressembler à un immense sépulcre.

Tous les malades qui pouvaient se traîner encore en sortaient silencieusement.

Les pestiférés venaient presque tous de Bagdad, de Bassorah et des bords du Chott-el-Arab.

Les cholériques étaient en grande partie des Égyptiens, des fellahs pauvres que les exactions anglaises avaient depuis longtemps condamnés à une vie misérable, dans les régions fiévreuses de le vallée du Nil.