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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/21

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— Mais alors, s’écria Abd-ul-M’hamed en écartant, les poings crispés, la porte de sa tente… que faire !… que faire !…

Il s’interrompit soudain : Saladin était devant lui, et avait entendu sa dernière phrase.

Le traître s’accroupit, baisa le bas du burnous du Sultan et se relevant, le regard assuré :

Maître, dit-il, si tu me laisses faire, dans quinze, jours tu entreras dans cette ville.

Le Sultan eut un éclair dans le regard ; que faisait là ce chien ? sans doute, profitant de la terreur quasi-religieuse qu’il répandait autour de lui, il avait pu s’approcher de la tente, sans être arrêté par les Soudanais de garde et avait entendu les exclamations de rage et de désespoir d’Abd-ul-M’hamed arrêté en plein triomphe.

Mais Saladin, l’air tranquille et affirmatif, répéta :

— Dans quinze jours, trois semaines au plus tard…

— Et comment feras-tu ? demanda brusquement le Sultan.

— Tu le demandes, maître ? mais en transportant dans la ville avec mon ballon ces fléaux qui ne peuvent franchir le Bosphore. Comment n’as-tu pas pensé à moi ?

— Mais parce que tu n’as pu encore, malgré tous tes efforts, entrer en communication avec mes fidèles de la ville ; parce que les canons anglais t’obligent à te tenir à une hauteur considérable et t’empêchent de descendre ; parce qu’enfin je ne veux pas que tu compromettes ta machine qui me sera encore utile plus tard.

— Mais, je puis, sans rien risquer, remplir cette mission.

— Comment cela ?

— D’abord en l’exécutant la nuit, ce qui me permet de monter beaucoup moins haut. C’est demain la nouvelle lune et le ciel est nuageux ; à 600 mètres au-dessus de la ville je ne serai pas remarqué, les Anglais n’ayant pas encore songé à diriger vers le zénith leurs projections électriques.

— Bon ; mais comment débarqueras-tu les pestiférés, comment ?

— Je n’ai pas besoin de les débarquer, je n’ai qu’à les laisser tomber…