Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De Melval n’avait pas voulu y toucher.

— Voyons, lui dit Zahner, tu ne peux rester ainsi ; je comprends ton chagrin, mais tu n’es plus un enfant… et puis il faut m’aider, je ne vois que très imparfaitement où nous allons… Toi tu dois connaître ces parages, au moins géographiquement.

— Il faut atteindre Gallipoli, répondit le capitaine, en montrant le Nord-Ouest ; pour cela il faut raser le rivage d’Europe ; nous sommes environ à moitié chemin de cette ville : car la mer de Marmara doit avoir, avec les Dardanelles, 250 kilomètres de long.

— Alors nous y serons demain dans la journée.

Et la godille fut reprise par chacun à tour de rôle.

Le lendemain en effet, vers midi, les rives de la mer de Marmara se resserraient de nouveau autour d’eux pour former l’Hellespont et ils découvraient, sur une langue de terre, Gallipoli, la première ville conquise en Europe par les Turcs, qui la possédaient cent ans avant la prise de Constantinople par Mahomet II.

Ils essayèrent d’aborder ; mais là aussi les fléaux déchaînés sur Stamboul commençaient à faire leur apparition : la ville se vidait ; les Turcs se dirigeaient vers le soleil levant ; les Européens en sens inverse. Des luttes sanglantes avaient eu lieu dans la ville.

Il ne fallait pas songer à rejoindre l’Orient-Express : aucune voie ferrée ne reliait Gallipoli à Andrinople.

Un vaisseau grec était en partance pour le Pirée, déjà chargé d’émigrants ; Zahner prit un sac d’or, cacha avec soin les autres dans les ballots d’effets qu’il confia à Mata, à Hilarion et à Yamin, et monta à bord pour y discuter le prix du passage.

Suivant la recommandation que lui en avait faite Omar, il eût nolisé volontiers tout le bateau pour les transporter à Marseille ; mais c’était un voilier qui eût mis plus de dix jours à effectuer cette traversée. D’ailleurs il eût été impossible de le faire évacuer par les passagers qui encombraient le pont, et l’officier se borna à retenir, en les payant le double de leur prix habituel, quatre cabines pour le Pirée.

Ils côtoyèrent pendant la nuit les îles de Lesbos et de Chio et, à travers le dédale des îles de l’Archipel, débouchèrent le lendemain dans la baie de Salamine.