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à fait pris, à ce moment-là ; j’ai tenu bon quelques mois, je buvais. Et puis, elle m’a vu retomber.

— Mais maintenant, vous êtes sur la bonne voie.

— Vous savez bien que j’en suis à ma troisième tentative.

— Les précédentes n’étaient pas sérieuses.

— Je n’ai jamais rien fait de sérieux.

— Mais vous avez beaucoup appris. Vous voyez maintenant où tout cela aboutit.

— ‫Ç‬a, bien sûr‫ ‬j’aimerais mieux mourir que crever.

— Vous connaissez tous les tours et les détours de la tentation, vous ne vous laisserez plus prendre. D’ailleurs, vous me l’avez dit, la drogue ne vous fait plus aucun effet et ne vous amuse plus.

Alain haussa les épaules. Tout cela était vrai et parfaitement inutile.

La première fois qu’il avait touché à la drogue, c’était sans raison : une petite grue avec laquelle il couchait prenait de la coco ; l’année suivante, un ami fumait. Il y était revenu de plus en plus souvent. Il avait ces nuits à remplir : il était toujours seul, il n’avait jamais de maîtresse établie parce qu’il était distrait. L’alcool, qui ne lui avait bientôt plus suffi, l’avait aussi mené à la drogue. Et il retombait toujours dans les mêmes groupes d’oisifs. Ceux-la commencent à se droguer parce qu’ils ne font