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répartis, parce que la solidarité de fait produit parfois des résultats qui ne sont pas conformes à la justice. On ne peut admettre ceux qui ont été les plus favorisés par le hasard de la naissance à traiter librement, en usant sans entraves de la supériorité qu’ils tiennent du passé, avec ceux de leurs semblables moins bien dotés par la chance. Ce serait la lutte indéfinie du pot de terre et du pot de fer.

Une pareille conclusion est contraire à l’idée de société.

Mais avant d’établir entre les hommes un rapport simple d’égalité pour l’avenir, il faut commencer par rétablir entre eux l’équivalence de situation qui a été faussée par la manière dont se sont produits jusqu’ici les phénomènes économiques. Il faut régler entre les membres d’une même société un compte qui leur permette de se considérer comme ayant toujours été de vrais associés.

Il y a une part de notre liberté, de notre propriété, de notre personne même dont nous sommes redevables à l’effort commun des générations antérieures et de nos contemporains. Il ne suffit pas de constater le fait et d’y voir une merveilleuse loi d’harmonie qui lie toutes les existences humaines ; cette réflexion amène à reconnaître le principe d’une dette. On n’est un être social qu’autant qu’on l’accepte et qu’on consent à l’acquitter.

Et comment l’acquitter ? En contribuant volontairement à l’assurance mutuelle et universelle contre les risques sociaux qui, actuellement, frappent trop inégalement les individus.

Le progrès de la vie sociale se mesure à ceux que