Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fût pas à jamais. Agir autrement eût été desservir la mémoire du poète. Avait-on le droit de la priver de cette couronne de fleurs épineuses qu’elle s’était tressée à elle-même et dont la guirlande brisée, mais pieusement renouée, la parait d’une odorante et mortelle dignité ?

L’« Eurydice deux fois perdue » est en effet une œuvre admirable, même si, sans imaginer ce qu’elle eût été en sa perfection, on la considère en ce qu’elle est. Dans une prose de poète, magnifique et forte, expressive et harmonieuse, concise, et riche d’étonnantes trouvailles, elle est le poème de l’attente, de la solitude et du souvenir, avec ses espoirs, ses angoisses, ses ardeurs, ses regrets, ses appels, ses colères, ses renoncements. De ces pages, s’exhale le secret du cœur le plus noble et le plus déchiré, le plus tendre et le plus hautain. Et quelle souffrance passionnée, à la fois mystérieuse et