Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/25

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« À six heures vingt… à sept heures quarante… à huit heures. » Je dresse l’oreille, comme alors ; je les entends retentir dans le silence de l’Histoire, ces pulsations plus secrètes, plus saisissables que des dates.

* * *

Les nuits où vous êtes trop en retard, où l’on dirait que vous venez du fond de la Chine, mes minutes s’empruntent, s’arrachent l’une à l’autre, pour mon martyre, les instruments de je ne sais quelle colère ou quelle justice dont le moindre n’est pas l’épouvante que m’inspire l’amour.

Ce n’est point avoir pitié de moi. Je ne saurais vous le demander, mais ayez pitié de celui qui vous attend. Ne dites pas : « Une minute plus tard », c’est un siècle. Naturellement, vous ne pouvez pas comprendre. C’est, dans un autre genre, quelque chose d’aussi pénétrant, d’aussi vif, d’aussi atroce que la honte.