Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/27

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Mon amour, combien de fois je vous ai mis au monde !

* * *

Elle se croit en retard, elle court ; son cœur d’enfant l’étrangle ; elle renverse la tête ; son épaule s’arrondit, se gonfle comme une aile ; elle aspire tout l’air, toute l’ombre, chancelle, frémit, court.

Elle a dépassé la grille.

Elle s’arrête ; elle n’est pas sûre que ce soit un arbre, cette forme immobile. Elle se penche, elle rattache son soulier d’argent. Elle jette en arrière un regard furtif. Elle cherche, autour d’elle, les chiens, les chasseurs. Ses yeux s’accrochent aux choses avec désespoir ; la respiration lui manque.

Que le lièvre soit terré et dorme ! Que le chat-huant retienne son cri ! Que la terre soit sèche ; que l’herbe soit drue, le caillou ancien, moussu ! Que nulle branche (je l’arrache, je la déchiquette) ne cingle mon amour au front dans la pro-