Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/48

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ment les bras en l’air ; et, à mesure que je m’avançais vers eux, ils reculaient devant moi comme des serviteurs.

Je me souvins de ce soir de fête où vous m’assuriez — avec quelles lèvres rouges ! — que, me sachant malade, à l’agonie même, vous ne pourriez évoquer de moi une image où la jeunesse du sang ne colorât plus mon front, où l’ardeur de vivre ne rendît plus mes traits impétueux et fiers, mes gestes assurés et victorieux.

* * *

Ces vieillards me gardent à leur foyer. Ils me soignent, disent-ils. J’occupe la chambre de leur fils qui est mort. La vieille me fait la cuisine ; elle me raconte ses malheurs ; les mains entre les jambes, assis en face d’elle, je l’écoute patiemment. Le vieux, à son tour, parle de « 70 », de la défense de Châteaudun, des blessures qu’il a reçues, des hommes qu’il a tués. Je