Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/50

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Pauvre vieux domaine, aujourd’hui transformé en caserne d’artillerie !

Je demeurerai donc aux champs jusqu’à ce que les pluies de novembre aient cousu le ciel à la terre ; mais déjà les roses sont pareilles à des paquets de boue grise…

* * *

Après les scènes violentes qui accompagnèrent et suivirent votre départ, je tombai dans un engourdissement profond ; tel le voyageur, qu’un navire emporte, lorsqu’il a salué désespérément sur la rive heureuse le visage cher et que la faiblesse de sa vue plus que la distance l’en sépare, s’abandonne, insensible et morne, à la nécessité qui lui commande.

Peu à peu, tel ce même voyageur près du terme de son voyage, je redressai le front ; je considérai l’avenir ; il m’apparut moins sombre que je ne me l’étais d’abord figuré. L’espoir l’illuminait encore.