Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/51

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Non, vous ne pouviez m’être à jamais arrachée ! vous alliez démolir tout, vaincre tout, arriver !

Et moi, plus humble, plus soumis, combien moins rude, je goûterais à nouveau, les yeux sur votre cœur, les délices de votre corps. Ainsi je m’abusai.

Et comme un enfant se réveille, la langue toujours couverte du lait qu’il a sucé avant de s’endormir, je retrouvai dans mon cœur le goût ambrosiaque de mon amour.

* * *

Toutefois cette lassitude des nerfs, cet écœurement qui succèdent aux brusques sautes de santé, ces nausées d’un esprit excessif jusque dans les images dont il comble sa consternation, m’amenèrent à modérer mes espérances, à les ranger à l’ordinaire de la vie. Je pris lentement mon parti de ne plus vous revoir pendant deux mois, n’ayant pas le courage d’imaginer