Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/52

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une séparation interminable. Je résolus de chercher parmi les solitudes de ce pays, à la fois sérieuses et nonchalantes, des moments de souvenirs et d’harmonie. Je rêvai de surprendre la voix et le ton des derniers beaux jours, de leur ravir ce je ne sais quoi de suave dans l’amertume qui n’appartient qu’aux soirs d’octobre, d’en retenir enfin quelque chose qui rendît mon dur langage plus agréable à votre oreille.

Je m’entendis avec mes hôtes pour demeurer près d’eux, à regarder croître et décroître l’automne semblable à la giroflée.

* * *

Je me souviens amèrement aujourd’hui de ces heures où, jusque dans vos bras, je cherchais les bornes de mon cœur pour m’y blesser tour à tour et m’y appuyer.

« Sois humble, me disais-je alors. Ne t’enorgueillis ni de la force de ton désir,