Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/64

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À midi, en été, sur la route, c’est nous qui protégeons notre ombre des ardeurs du soleil, qui lui formons de notre propre corps un rempart contre la lumière.

Ainsi notre amour qui est chair et vie projette devant soi son idéal qui n’est qu’illusion et vanité ; de toute sa stature humaine il garantit la sombre silhouette qui le précède et qu’il croit suivre alors qu’il la guide par les pieds. Souffrir, saigner, succomber même, que lui importe, si la chère image aux lignes pures, aux gestes longs ne ressent rien, Elle, des feux du jour !

* * *

Enfin le dernier rayon de ce soir d’angoisse a dépassé la cime de l’arbre le plus haut. Trois hirondelles se partagent le ciel. Une mince fumée sort du toit. Elle fuit si vite qu’elle a l’air d’écrire sur le vent quelque chose d’illisible et de passionné.