Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/68

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Par la fenêtre je vois mon hôtesse qui repasse du linge. Elle est sans force ; il fait une chaleur d’orage qui l’accable. De sa main droite elle promène un fer noir et court ; de l’autre qu’elle plonge par moments dans un bol, elle jette négligemment quelques gouttes d’eau fraîche devant soi. Que sa fatigue est pleine de charme ! Je songe que mes travaux, qui sont de transir et de brûler tour à tour pour un même souvenir, ressemblent aux siens et que, sans rien faire d’autre, je suis aussi fatigué qu’elle.

Je dessine ton nom en l’air, au-dessus de ma table, avec la pointe d’un couteau. Je ne sais quel désir rustique de le voir gravé dans le bois entraîne mon cœur par degrés. Le silence est grand, l’ombre épaisse. Tout à coup je ferme les yeux.

Il est là ! Est-ce toi, nom charmant ? Il brille de toutes ses entailles ; partout où je porte mes regards, je l’aperçois ; dans le