Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/72

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les mots que tu dis, après avoir tracé dans mon âme un lumineux sillage, à la façon de ces fusées qui cherchent le plus haut du ciel pour y éclater, ne prennent tout leur sens, qui est leur beauté dernière, que lorsque tu t’es tue et que d’autres voix osent succéder à la tienne.

Je ne veux plus que ta voix erre ainsi dans ma voix, lorsque je me parle à moi-même. J’ai trop peur de confondre à la longue avec ma façon de donner aux mots la douceur de vivre, celle qui n’appartient qu’à toi. Ce quelque chose de posé et qui s’étonne d’exprimer simplement les secrets d’une âme mystérieuse, ce ton bas à la fois enfantin et grave, tes intonations frileuses, je les ensevelirai dans ma mémoire plus profondément que le remuement d’aucunes lèvres, là où ne subsiste plus le souvenir d’aucune musique.

Ne t’impatiente pas, si je feins de ne pas bien entendre ce que tu me dis. Répète-