Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/144

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Sur les têtes solides d’Anglais ou de Hollandais, au contraire, le Juif ne peut rien. Il sent d’instinct, avec son nez qui est long, qu’il n’y a rien à tenter sur ces gens attachés à leurs vieilles coutumes, fermes dans les traditions qu’ils ont reçues de leurs aïeux, attentifs à leurs intérêts. Il se contente de proposer des affaires que les indigènes discutent minutieusement et qu’ils font quand elles sont bonnes ; mais il ne raconte pas d’histoires, il ne dit pas aux fils que leurs pères étaient d’affreuses canailles ou des serfs abjects, il ne les invite pas à brûler leurs monuments, il ne fait là ni emprunt frauduleux ni Commune. Il est heureux, et les autres aussi.

Cette petite Hollande, industrieuse et commerçante, étrangère elle-même à cet idéal chevaleresque si antipathique aux fils de Jacob, fut vraiment le berceau du Juif moderne. Pour la première fois Israël connut là, non point le succès éclatant qui grise le Juif et qui le perd, mais le calme de longue durée, la vie régulière et normale.

C’est Rembrandt qu’il faut, je ne dis pas regarder, mais contempler, étudier, scruter, fouiller, analyser, si l’on veut bien voir le Juif.

Qu’ils sont parlants, ces Juifs de Rembrandt causant d’affaires au sortir de la synagogue, s’entretenant du cours du florin ou du dernier envoi de Batavia ! ces voyageurs qui cheminent leur bâton à la main avec des airs de Juifs errants, qui sentent qu’ils vont arriver et s’asseoir quelque part !

Tout allait mieux en effet pour les Juifs. En Angleterre, ils avaient trouvé l’homme qu’ils aiment, le Schilo, le faux Messie, le chef exclusivement terrestre, qui, ne s’appuyant sur aucun droit traditionnel, est bien forcé d’avoir recours à la force secrète que détien-