Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/155

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Juif pour agent. Voilà ce que l’inquisition la plus rigoureuse pouvait recueillir sur le peuple juif ; et l’on avoue qu’il y a de quoi être effrayé du portrait, s’il est fidèle. Il ne l’est que trop ; c’est une vérité dont il faut gémir.


Ce sentiment de répulsion si énergiquement formulé est d’autant plus intéressant, que personne, en France surtout, ne paraît se douter de la force réelle du Juif.

Voltaire a accablé les Juifs de ses railleries polissonnes ; mais il a parlé d’eux comme il parlait de tout, sans savoir ce qu’il disait. La haine de l’auteur de la Pucelle contre Israël était, il faut le reconnaître, inspirée par les mobiles les plus vils et les plus bas.

Voltaire fut, au dix-huitième siècle, avec le talent, le style et l’esprit en plus, le type parfait de l’opportuniste d’aujourd’hui. Affamé d’argent, il était sans cesse mêlé à toutes les négociations véreuses de son temps. Associé aux fournisseurs qui faisaient crever de faim nos soldats et qui les laissaient tout nus, affilié à tous les maltôtiers de son temps, Voltaire, de nos jours, aurait eu Ferrand pour commanditaire ; il aurait réalisé un joli bénéfice dans l’emprunt Morgan ; dans les émissions, Léon Say lui aurait assuré des souscriptions irréductibles ; il eût damé le pion à Challemel-Lacour, à Léon Renault, à Christophle et à Dauphin, dans les négociations financières.

Rien d’étonnant, dans ces conditions, que Voltaire ait été mêlé de bonne heure aux affaires des Juifs. Ce Français au cœur prussien résolut d’ailleurs le difficile problème d’être plus âpre au gain que les fils d’Israël, plus fourbe que ceux qu’il insultait.

Mêlé aux affaires du Juif Médina, Voltaire perdit dans la banqueroute du fils de Jacob vingt mille livres, qu’il regretta toute sa vie, car il n’avait pas la philosophie des bons souscripteurs des mines de Bingham.