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Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/156

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Près d’un demi-siècle s’écoula sans amortir ce cuisant souvenir.

Ces désagréments financiers expliquent l’hostilité que Voltaire témoigna toute sa vie aux Juifs ; ses railleries sur leurs règles d’hygiène ; ses appellations de circoncis, de déprépucés, qui reviennent à chaque instant sous sa plume.


V


L’espèce de recueillement dans lequel le Juif était entré, avait permis à l’Europe, pendant tout le dix-huitième siècle, de vivre relativement tranquille et de cultiver en paix les muses. A la fin du dix-huitième siècle ; cependant, quelques Juifs paraissent avoir réussi à s’établir à Paris, dans des conditions bien précaires.

En dehors des nomades, plus ou moins receleurs, qui se glissaient entre les mailles de la loi, on tolérait dans la capitale quelques familles juives du rite allemand, venues de la Lorraine et de l’Alsace ; elles avaient ! pour syndic, chargé de les représenter, un nommé Goldschmidt, dont les descendants, je crois, ont un hôtel somptueux rue de Monceau, et portent même un titre nobiliaire, qu’ils n’ont certes pas gagné aux croisades. Elles étaient soumises à un exempt de police nommé Brugère, et devaient se présenter chez lui tous les mois, pour faire renouveler leur permis de séjour ; il restait le maître de refuser le visa et d’exiger le départ immédiat de Paris. C’était absolument, on le voit, la mise en carte que l'on applique à certaines catégories de femmes.

Ils ne savaient même pas où se faire enterrer. Ils ensevelissaient leurs morts à la Villette, dans le jardin d’une auberge de rouliers, à renseigne du Soleil d’or.