Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/174

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va désormais être la leur : faire succéder à une révolution où l’on pêche en eau trouble le règne momentané d’un sauveur quelconque, qui ratifie par la possession, sous un gouvernement régulier, la propriété de ce qu’on a dérobé. Le roi légitime les eût gênés alors : ils empêchèrent par tous les moyens son retour. Il leur fallait un Schilo, comme l’avait été Cromwell, un Messie temporel : l’homme était tout prêt.

Franc-maçon et très avant dans les secrets de la maçonnerie, jacobin farouche, ami de Robespierre jeune, Napoléon Bonaparte avait tout ce qu’il fallait pour jouer le rôle qu’on attendait de lui. La finance l’adopta ; les Michel, les Cerfbeer, les Bédarrides, le commanditèrent lors de sa première expédition en Italie, au moment où les caisses de l’État étaient vides. Il n’avait qu’à paraître pour que tout lui réussît : il prenait en un jour Malte l’imprenable ; pour revenir en France faire le 18 Brumaire, il traversait tranquillement la Méditerranée, sillonnée par les croisières anglaises.

La franc-maçonnerie avait organisé autour de lui cette espèce de conspiration d’enthousiasme qui flotte dans l’air, se communique de proche en proche et finit par gagner tout un pays.

Napoléon s’acquitta des obligations qu’il avait envers les Juifs, et s’occupa de faire entrer définitivement dans les lois l’égalité si inconsidérément accordée aux Israélites par la Constituante.

Par un phénomène qui fera le perpétuel étonnement de l’histoire, le petit sous-lieutenant d’artillerie avait fait place soudain à un chef d’empire, ayant non pas seulement le sens de l’autorité totale, absolue, mais les traditions même des monarques d’antique dynastie. Ce parvenu, on est forcé de l’avouer, est le dernier souverain qui ait gouverné la France.