CHAPITRE DEUXIÈME
I
Derrière le faux Gambetta, auquel on pardonnait tant de choses, on aperçut le Juif, qui, pour satisfaire des haines de ghettos, déchaînait sur le pays qui l’avait si bien accueilli le fléau des guerres religieuses. La France, désensorcelée, réveillée de son rêve, guérie de son roman, n’eut qu’un cri : « Oh ! le misérable ! »
Ce fut alors qu’on songea à regarder l’entourage. C’était bien le plus hétéroclite assemblage qu’on pût imaginer, un bouquet de Juifs, un véritable sélam de youtres de tous les pays et de toutes les couleurs.
Tous les Juifs du monde, en âge de se transporter, étaient là ; ils s’étaient agglomérés au Palais-Bourbon comme les molécules au centre d’une tasse de café. Quelques-uns venaient d’Espagne et étaient nés à Hambourg, d’autres venaient d’Autriche et étaient nés en France. Il y avait Porgès, Reinach, Arène, Lévy-Crémieux, Jean David, Raynal, Strauss ; il y avait Dreyfus, qui avait vu le jour en Allemagne ; Étienne, parent des Étienne d’Autriche ; Thomson, dont la famille était anglaise ; Veil-Picard, qui arrivait seule-