lut pas attaquer la France aux prises avec l’Allemagne ; il attendit chevaleresquement que nous pussions disposer de toutes nos forces pour lutter. Ce fut alors qu’il renvoya sa décoration au général Augeraud, et qu’en le remerciant courtoisement des égards qu’il lui avait témoignés, il lui adressa la déclaration de guerre qui se terminait par ces mots : « Si j’ai continué à servir la France, c’est parce qu’elle était en guerre avec la Prusse et que je n’ai pas voulu augmenter les difficultés de la situation. Aujourd’hui, la paix est faite, et j’entends jouir de ma liberté. »
Mokrani tomba en héros ; il se fit tuer, ne voulant ni servir la France déshonorée, ni combattre plus longtemps un pays qu’il avait aimé, un pays dont il avait été l’hôte dans les fêtes de Compiègne et de Fontainebleau.
Sidi-Mokrani n’avait pas obéi à des Juifs. Parmi les officiers français que la fatalité des temps où nous sommes avait réduits à la triste nécessité de mettre leur épée au service de ceux qui vivaient d’usure et de vol, beaucoup pleurèrent et peut-être envièrent le sort du cheik sans faiblesse et sans peur.
Ce furent nos pauvres soldats, nos fils de mères chrétiennes, qui furent obligés de se faire tuer pour assurer les droits de citoyens aux usuriers d’Algérie, qui ne daignaient même pas défendre les privilèges qu’on leur avait accordés.
Sauf des exceptions fort rares, dit M. du Bouzet, l’Israélite indigène ne peut devenir soldat : la guerre n’est point dans ses mœurs. Il lui faut trois mois pour apprendre à tirer un coup de fusil sans tomber à la renverse : combien plus pour entendre siffler les balles sans prendre la fuite Or vous n’ignorez pas, Messieurs, qu’en cas d’insurrection arabe, tous les Français d’Afrique doivent prêter un