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Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/442

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VI


L’identité d’impression s’arrête là. Paris n’a plus l’aspect joyeux, l’air de confiance, la puissance ensorcelante qu’il avait à la fin de l’Empire. Malgré l’effort qu’il fait pour se démener, il exhale une odeur cadavéreuse. Le cœur est comme envahi par une insurmontable tristesse.

La ville où la vie jadis était si débordante, où les pavés eux-mêmes riaient aux passants, donne un peu la sensation de Munich. Au mélancolique et glacial München, il manque de la gloire, du mouvement, pour remplir ce décor de palais, de temples érigés aux grands hommes absents, d’avenues magnifiques. Paris a eu cette gloire : il est plein de souvenirs d’héroïsme et de grâce, de légendes immortelles, de fantômes illustres ; mais tout cela semble appartenir à un Passé pour toujours aboli. Certaines régions ressemblent à des Pompéï, et l’on se demande quelle catastrophe les a rendues tout à coup silencieuses et désolées. Ailleurs l’activité est fébrile, mais avec une sorte d’inquiétude sombre qui persiste malgré tout.

Les hôtels du faubourg Saint-Germain gardent leurs volets fermés pendant dix mois de l’année. Presque tous les beaux hôtels du quartier des Champs-Élysées et du quartier Monceau sont aux Juifs.

Le livre, si français ; le livre, qui fait penser ; le livre, qui tenait tant de place au dix-septième siècle, n’existe plus : c’est la musique, art tout sensitif, art d’amollis et de maladifs, qui tient le premier rang. Après le crocodile, le Juif est le plus mélomane de tous les animaux. Tous les Juifs sont musiciens ou comédiens d’instinct : Camondo joue du violoncelle ; Mme Goldschmidt donne