Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/551

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aucun scrupule envers les catholiques, qu’ils poursuivent d’une haine implacable, lorsqu’ils n’hésitent pas à assassiner ceux qui, partageant certaines de leurs doctrines, ont conservé un fond d’honnêteté, trouvent leurs mœurs mauvaises et leurs procédés condamnables ?

La mort du malheureux Saint-Elme est certainement une des pages les plus inouïes de l’histoire de ce temps. L’infortuné appartenait à une opinion qui n’est pas la mienne, et l'on ne m’accusera pas d’obéir à l’esprit de parti en parlant de lui ; mais cette exécution d’un écrivain par des sbires, en plein dix-neuvième siècle, est faite pour exciter l’indignation de tous.


VII


Rédacteur d’un journal avancé, le Sampiero, Saint-Elme avait combattu avec infiniment de courage l’opportunisme, qui, en Corse, avait fini par s’implanter, en s’appuyant sur ces êtres avides et corrompus que contient toujours une population même foncièrement probe et loyale comme celle de la Corse. Il s’était élevé contre la conduite du préfet Trémontels, qui, selon son expression, « avait fait de la préfecture une maison de tolérance et une succursale de la forêt de Bondy. »

Emmanuel Arène vit sa candidature perdue et essaya de prendre, de Paris, des attitudes de capitan prêt à franchir les monts et les plaines pour châtier les insolents qui se permettaient de marcher dans son ombre.

Saint-Elme, qui avait été officier, répondit tranquillement à ce matamore qu’il était disposé à faire la moitié du chemin et qu’il viendrait jusqu’à Marseille.

Arène épouvanté se jeta dans les bras de Veil-Picard et de Waldcck-Rousseau. Les fonds secrets furent mis