Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/569

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nous ramènent vers le Forez, qui est devenu notre pays d’adoption.

Quand on a fait une lieue environ, l’on s’arrête quelques minutes à un hameau appelé les Baraques.

— Vous savez la nouvelle ? nous dit-on quand nous arrivons.

— Non.

— Ce pauvre P. Oorentin est mort, il a achevé de mourir plutôt ! Il était préparé du reste ; hier dimanche, il nous a fait ses adieux. « J’aurai encore la force de dire ma messe aujourd’hui, et je prierai pour ceux qui nous ont aimés et aussi pour ceux qui nous ont persécutés, puis je m’en irai… » Il a dit sa messe, et il est parti une heure après…

La pensée du brave homme expiré nous attrista, mais bientôt le charme du chemin fit diversion à ce sentiment.

Rien n’est merveilleux comme cette montée en juillet. Les muguets, les jonquilles, les gentianes du printemps, ont disparu, il est vrai ; mais il reste les œillets sauvages, les pensées et les violettes qui tapissent le chemin. On gravit à travers d’énormes fougères, qui font comme un piédestal verdoyant aux grands chênes, aux bouleaux toujours agités et tremblants, aux hêtres touffus qui préparent aux sapins sombres du sommet.

Parfois un murmure régulier étonne l’oreille : c’est un ruisseau qui sort en écume d’argent de quelque rocher couvert de mousse, et qu’il faut traverser sur un tronc d’arbres. Comme l’Obéron des légendes, qui sautait au-dessus des torrents sans mouiller ses grelots, les enfants franchissent l’obstacle d’un bond. Ma petite nièce, Anaïs, qui disait si gentiment, qu’elle voulait apprendre à écrire pour faire de la copie pour son on-