Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/570

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cle, excellait à ce jeu ; et c’est en vain que mon autre nièce Marie, déjà plus grave, lui prodiguait de sages conseils.

Quand on est au bout, on pousse un cri d’admiration : on débouche en effet sur un tapis de velours vert, qui fait oublier les vieux bâtiments du couvent, devant la féerie de cette nature éternellement jeune.

Malgré tout, le voisinage de la mort donnait à ce paysage une mélancolie qu’il n’a pas ordinairement. Le cri sinistre de la hulotte, qui retentissait obstinément dans cette solitude, disait qu’il y avait là un cadavre. A une fenêtre, on distinguait une lueur presque imperceptible, qui faisait un bizarre contraste avec la clarté radieuse de cette journée de juillet.

Cette lumière venait de la chambre funèbre. Quelle chambre ! Quelque chose de plus indigent qu’une cellule ; une vaste pièce carrelée ouverte à tout vent ; au fond, un lit d’enfant, et dans ce lit, sur une paillasse crevée, sous une couverture qui valait bien vingt sous, un petit vieillard étendu les mains jointes. Une veilleuse achevait de se consumer dans un verre, et, près du lit, une bière taillée à la hâte dans un sapin non raboté, tout fruste, attendait[1].

Je ne saurais vous exprimer l’émotion que produisait la vue de ce petit vieux, et le dégoût qui vous prenait de ces républicains gorgés de tout, trafiquant de tout, agiotant sur tout, et songeant à venir chercher ce solitaire et cet humble, pour le jeter la nuit dans la neige.

Pour tout meuble dans cette chambre, une chaise

  1. Le sous-préfet Mauras poursuivit sa victime jusque dans la mort : le religieux avait demandé à être enterré dans son cher Hermitage ; l’autorisation fut brutalement refusée. Le même fait s’est d’ailleurs reproduit à peu près partout.