Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/224

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main dit tranquillement à ses convives au moment où l’on sert les fraises en janvier : « Ne vous gênez pas pour en manger tant que vous voudrez, cela coûte cher, mais je n’y regarde pas[1]. »

Juif ou non, Lopez, qui s’éteignit à Paris le 29 octobre 1649, vécut et mourut en catholique, il fut enterré à Saint Eustache et sur le marbre de son tombeau on mit l’inscription suivante

Natus Iber, vixit Gallus, legemque secutus,
Auspice nunc Christo, mortuus astra tenet.

C’est le maréchal de la Ferté qui acheta la maison de Lopez, comme en témoigne ce passage de Loret.

Le maréchal de la Ferté,
Durant la saison de l’été,
Des villes pour le Roy conqueste
Et pendant l’hiver il acqueste,
À ce qu’on m’a dit aujourd’huis,
Des logis dans Paris pour luy,
Achetant celui de feu Lope,
Non pas le plus beau de l’Europe
Mais bien baste, commode et tel
Qu’il peut passer pour un hôtel.

Si le Juif ne pouvait se faire accepter en France qu’en reniant énergiquement son origine, il avait cessé ailleurs d’être le Paria des anciens jours, il avait trouvé en Hol-

  1. C’est encore Hirsch qui, après dîner, disait à Lavisse, professeur d’histoire à la Sorbonne, agrégé de l’Université, qui avait consenti à donner des répétitions d’histoire à son fils : « Prenez moi ce cigare, vous n’en fumez pas comme cela chez vous, cela me coûte vingt-cinq sous. » Lavisse eut plus de dignité que les gens du monde et au bout de quinze jours il quitta la maison.