Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/237

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Metz portaient la barbe, un manteau noir et un petit rabat blanc, ils avaient été dispensés du chapeau jaune.

Quelques conversions se produisirent parmi eux. Les frères Weil abjurèrent entre les mains de Bossuet, alors chanoine de l’église cathédrale de Metz. Pendant le séjour de Louis XV à Mets, la dauphine tint sur les fonts une jeune Juive de onze ans, originaire d’un village voisin. Dans ces occasions on faisait tirer le canon et sonner la Mutte.

Au commencement du XVIIIe siècle, les Brancas découvrirent, je ne sais comment, l’existence de ces Juifs et eurent l’idée ingénieuse de s’en faire des revenus.

Le 31 décembre 1715, Louis de Brancas, duc de Villars, pair de France, baron d’Oise, obtint du Régent un arrêt par lequel les Juifs de Metz étaient astreints à un droit de protection à raison de 40 livres par famille.

Cette redevance était abandonnée pour dix ans à Brancas et à la comtesse de Fontaine. Les Juifs protestèrent qu’ils n’avaient nul besoin d’une pareille protection, les Brancas s’obstinèrent à protéger quand même et l’on finit par transiger à 30 livres. Le nombre des familles juives de Mets était de 480 lors du dénombrement de 1717. En 1790, les Juifs étaient environ 3,000.

C’est un des épisodes les plus comiques du XVIIIe siècle que ce débat entre les Brancas et les Juifs, il fait songer à la célèbre ronde du Brésilien :

Voulez-vous ? voulez-vous ? Voulez-vous ?
accepter mon bras ?

— Je vous assure que je vais fort bien tout seul, s’écriait le Juif, quittes ce souci…

— Nenni ! nenni ! répondaient les Brancas, il pourrait