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la france juive

frappèrent à la porte de la salle du banquet et leur dirent : « Frères, il y a dix ans que vous êtes à table, vous devez être rassasiés, si vous nous laissiez entrer à notre tour. »

Pour les inviter au départ, on pressa légèrement sur la place à l’aide des capitaux allemands. Pereire, qui avait écrasé Mirès, fut à moitié écrasé par Rothschild et l’on vit intervenir sur le marché les banquiers d’Outre-Rhin.

Pour remuer les grosses affaires il faut un levier, un thème. Les Rothschild, à leur première manière, avaient joué des emprunts d’État, les Pereire et les Mirès, en faisant appel aux souscriptions publiques, avaient vidé les petites bourses. Les uns s’étaient appuyé sur la paix sans phrases, la paix à tout prix ; c’était l’époque où courait le mot célèbre : « Nous n’aurons pas la guerre, le roi y est décidé, mais M. de Rothschild n’en veut pas. » Les autres avaient soutenu dans leurs journaux une sorte de paix intermittente, philosophique en même temps, réunissant dans un groupe idyllique les nations sœurs enfin réconciliées, ouvrant des Expositions universelles.

La paix était usée, les Juifs allemands comme base d’opération prirent la guerre ; ils organisèrent, sous des apparences militaires, la plus vaste et la plus admirable spéculation financière qui ait jamais été essayée et réussie.

Qui ne connaît cette célèbre entrevue où, sur la terrasse de Biarritz, Méphistophélès-Bismarck vint tenter l’Empereur en lui offrant des royaumes à partager[1] ?

  1. Les frivoles courtisans de Biarritz semblent, devant ce visiteur étrange aux yeux brillant d’un feu sombre, aux manières hautaines et séduisantes en même temps, à la fois inquiétant et fascinant, avoir