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Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/433

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La Restauration, même dans ses défaillances et sa mollesse, n’eut pas la répression vile : elle ne prit pas le petit soldat, elle prit le maréchal prince de la Moskova, le général Mouton, la Bédoyère allié aux plus nobles familles de France.

La République fut impitoyable aux humbles, et trembla devant ceux qui avaient une apparence de situation, devant tous ceux qui avaient la noblesse bourgeoise, qui possédaient le bouton de jade du mandarin, qui étaient inscrits sur un tableau quelconque.

Tous ceux qui furent passés par les armes à Satory — à part Rossel — furent de pauvres diables, des minus habentes, des gens sans relations. Thiers avait accordé la grâce de Crémieux ; ce fut le général Espivent de la Villeboysnet qui le fit exécuter pour ainsi dire, de son initiative personnelle. Crémieux devait être fusillé en même temps qu’un chasseur à pied. Les membres de la gauche naturellement ne s’occupèrent en aucune façon du pauvre pioupiou chair à canon, bon à tuer, ils intercédèrent pour l’homme intelligent, responsable, pour l’avocat ! Le général Espivent, qui était de vieille race française, ne comprenait pas la démocratie de cette façon, et il déclara nettement qu’il entendait que l’avocat eût le sort du soldat[1].

Cette histoire de la Commune, encore si peu connue et dont la face changera complètement dès qu’on publiera les

  1. Crémieux était si sûr de sa grâce que, lorsqu’on vint le prendre au fort Saint-Nicolas pour le mener au Pharo, il était convaincu qu’en l’emmenait pour entériner les lettres de grâce, ce ne fut qu’en apercevant les troupes rangées en carré qu’il comprit la vérité, il se trouva mal, et on fut obligé de l’asseoir sur une chaise pour le fusiller.