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gambetta et sa cour

Ainsi chantait l’aimable rimeur des Cent sonnets « par un merle blanc. » Lui-même ne savait même pas la date exacte de sa naissance. En tête de la thèse de licencié de ce licencieux, thèse relative aux hypothèques, on lit : « L’acte public sur les matières ci-après sera soutenu le lundi 19 janvier 1860, à deux heures, par M. Léon Gambetta, né à Cahors (Lot), le 11 avril 1838. » Or, l’acte de naissance qui a été publié porte que Léon-Michel Gambetta est né le 3 avril 1838, à huit heures du matin.

À Paris, quoi qu’on en ait dit, le futur dictateur ne fit pas plus d’effet que beaucoup de médiocres qui s’agitent beaucoup sans qu’on les regarde. Il n’exerça point sur ses contemporains l’ascendant grave qu’ont exercé tout jeunes certains hommes. Membre d’un petit groupe, dont faisaient partie Hebrard, Dépret et quelques autres, et qui se réunissait chaque semaine chez Brébant, il fatiguait plus ses amis, me racontait l’un d’eux, de son assourdissant tapage, qu’il ne frappait par son éloquence. « Tais-toi, gueulard ! » était le mot habituel dont on se servait avec lui, ce qui n’implique, on l’avouera, aucune espèce de prestige chez celui qu’on rappelait ainsi à l’ordre.

C’est des fenêtres d’un cabinet de Brébant où le cénacle s’était donné rendez-vous pour la circonstance, que Gambetta vit passer ce convoi du duc de Morny, qui se déroule dans le Nahab comme un défilé du monde impérial. Nul ne

    Bismarck à propos de Gambetta. « Je m’étonne, disait le Chancelier à son passage à Berlin en 1880, que les Juifs du Conseil municipal de Berlin n’aient pas encore nommé citoyen honoraire de Berlin le Sémite Gambetta ; c’est peut-être par égard pour le maréchal de Moltke et pour moi ; mais ils se trompent, le Sémite Gambetta nous amuserait fort comme citoyen d’honneur. »