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gambetta et sa cour

— Qu’est-ce que ce courtier marron, avec lequel vous causiez ? c’est un Juif, n’est-ce pas ? demande Goncourt à Burty, quand l’autre s’est éloigné.

— Ah ça ! mon cher, répond Burty, vous me faites poser..…

— Non, qui donc est-ce ?

— Mais c’est Gambetta !

— Ah !

Telle est la sensation qu’avait ressentie un délicat et un observateur attentif entre tous, en voyant pour la première fois le grand homme.

La dernière fois que je rencontrai Paul de Saint Victor, il me parla de Gambetta, c’est-à-dire de Cléon, à propos des Deux masques, dont il préparait le second volume.

— Comme c’est cela, ce Paphlagonien, aux doigts crochus, qui dit : « Quand j’ai dévoré un thon tout chaud et bu là-dessus un grand verre de vin pur, je me moque des généraux de Pylos.»

— C’est cela, mon cher maître, et ce n’est pas cela. D’abord Gambetta coûte plus cher à engraisser ; puis Cléon est un démagogue, mais il n’est pas Juif, il n’est pas circoncis, comme dit ailleurs Aristophane en parlant d’un autre personnage ; enfin, il a pris Sphacterie, et il est mort en combattant. Je crois, entre nous, que Gambetta ne mourra pas de cette façon..…

— Vénus blesse quelquefois, me dit en riant Saint Victor, sans se douter qu’il était prophète..…

Cet éloignement pour lui de tout ce qui était intelligent et honnête était, d’ailleurs, assez indifférent à Gambetta. Il avait sur la presse les idées juives, il n’y voyait qu’un commerce comme un autre, et n’admettait pas qu’on eût