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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/102

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Piquée au vif elle revient chez elle ; des pleurs coulent de ses yeux. Jérusalem ! s’écrie-t-elle, Jérusalem ! Quelle offense pour ton peuple ! Des courriers extraordinaires sont expédiés sur-le-champ à toutes les cours d’Allemagne pour les instruire de ce grand événement. Les rois s’agitent, les conseils s’assemblent, les diplomates discutent. Metternich prend la plume, l’ambassadeur d’Autriche court aux Tuileries, la porte à deux battants s’ouvre et notre baronne a franchi la salle des Maréchaux. Alors tout est joie dans Israël ; les montagnes bondissent comme des béliers, les collines comme les petits des agneaux. Les harpes qui dormaient suspendues aux saules du rivage frémissent de nouveau sous les doigts des filles de Sion et le peuple élu célèbre encore une fois le merveilleux passage de la mer Rouge.

À propos de la mer Rouge, savez-vous que cette couleur est celle que notre Crésus circoncis affectionne de préférence et que c’est avec un uniforme rouge, surchargé de deux épaulettes de colonel, qu’il a coutume d’assister à toutes nos réjouissances nationales ? Sa fidèle Rébecca, l’élue de son cœur, l’ange de ses affections l’accompagnait au dernier bal de la Ville. Cette perle d’Israël qui peut avoir vingt huit ans, était enchâssée dans une embrasure de croisée, entre deux diamants chrétiens d’une si belle eau qu’ils absorbaient tout son éclat.

Ces sentiments de répulsion subsistèrent très longtemps. En 1846, en l’honneur de l’arrivée à Baden d’un souverain étranger, on voulut organiser un bal. On nomma, pour régler les détails de la fête, trois commissaires, parmi lesquels M. Maurice de Haber. Les deux autres refusèrent

    très charitable et très bonne, n’a aucune raison de fréquenter la femme d’un banquier qui a ruiné tant de malheureux ; elle n’a pas besoin d’emprunter de l’argent aux Juifs, car elle possède une fortune considérable, elle a hérité du marquis de La Ferté-Mun, qui était fort riche et elle est la belle-fille du duc de Noailles, auquel appartient la magnifique terre de Maintenon. On ne peut s’expliquer cette manie de s’abaisser sans nécessité.