Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/103

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d’avoir pour collègue un Juif, quoique ce collègue fût M. de Haber, le richissime banquier de Cologne, allié à la famille d’un maréchal de France, à la famille de Grouchy. M. de Haber envoya des témoins. Les commissaires refusèrent de se battre avec lui et ne consentirent à croiser le fer qu’avec un de ses amis.

« Le piquant de l’affaire, disent les Archives israélites[1], auxquelles nous empruntons cette histoire, c’est que M. de Haber, bien que gendre de M. Worms de Romilly, président du Consistoire central, n’appartenait plus au Judaïsme, mais bien à la religion protestante. Mlle de Haber, sa fille, s’était convertie quelques mois auparavant au catholicisme, à seule fin d’épouser M. de Grouchy. »

La ténacité juive, la patience à endurer les affronts et à feindre même de ne pas les apercevoir, vinrent à bout de tout[2]. Le vieux James entra dans la société comme bouffon ; il amusait ; on lui faisait répéter à chaque instant sa fameuse charade.

— Mon bremier il a des tents, mon second il a des tents, mon troisième il a des tents et mon tout il est un filain défaut.

— Le mot ! Le mot ! criait-on.

  1. Archives israélites, volume 36.
  2. Ce fut la vicomtesse de Noailles qui dressa elle même la première liste d’invitations des Rothschild. Un mot prononcé dans cette soirée par le baron James est resté légendaire. Il donnait le bras a la vicomtesse qui lui demanda ce que c’était qu’un trou qu’on apercevait dans son jardin et qu’on avait oublié de combler.
        — Montâme, répondit le baron, c’est un drou pour y mettre les bedites ficomtesses quand elles ne sont pas sages…