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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/104

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C’est encore lui qui disait un jour que l’on parlait devant lui des hommes de paille :

Fui, l’homme de baille est une ponne geose pour les goquins, ils finissent douchours bar le faire serfir de lit à leurs actionnaires.

On se racontait de lui des traits inouïs de ladrerie. Qui ne connaît l’histoire si souvent citée ? Un jour, un ami vient demander cinq cents francs à Dumas père. Le grand généreux était à sec ; le cas cependant était pressant ; il prend la plume et écrit au baron une lettre étincelante d’esprit pour lui emprunter vingt-cinq louis. Le milliardaire ne daigne même pas répondre.

Quelque temps après, on causait autographe, rue Laffitte.

— Cela a donc de la valeur ces papiers-là ? demanda le baron.

— Cela dépend.

— J’en ai un que je vais vous chercher.

Il montre la lettre de Dumas et on lui en offre immédiatement dix louis qu’il accepte, naturellement.

Dumas se vengea par un joli mot. Un jour qu’on quêtait à une fête de charité, une des patronnesses tendit l’aumonière au baron.

— J’ai déjà donné, dit le financier.

— Je ne l’ai pas vu, répondit la dame, mais je le crois.

— Et moi, fit Dumas, je l’ai vu, mais je ne le crois pas.

Les coreligionnaires du baron, eux-mêmes, flétrissaient son âpreté au gain. Les Archives israélites nous racontent une des leçons qu’il reçut de Marcus Prague, un des ministres officiants. Un jour de Yom Kippour, James de Rothschild, désigné pour sortir le Sepher de l’arche, pria Marcus Prague de lui garder son livre de prières. Il s’aper-