Aller au contenu

Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çut que celui-ci examinait avec intérêt ce volume splendidement relié.

— Mon Machsor a l’air de vous plaire, dit-il, combien m’en donnez-vous ?

— Comment, monsieur le baron, répondit Prague, qui était un zélateur de la Loi, en un tel lieu et en un tel jour, vous voulez encore faire du commerce…

Les rebuffades, je l’ai dit, ne le décourageaient pas. Arsène Houssaye, qui était présent à la scène, a raconté de quelle jolie façon Musset remit à sa place le baron qui s’était glissé à une lecture faite chez l’Impératrice de l’Ane et le Ruisseau.

Une autre fois, ce fut d’Orsay qui se chargea de la leçon. Un jour, en jouant au whist dans un salon, le financier avait laissé tomber un louis par terre. Aussitôt, il dérange tout le monde et prend un flambeau sur la table pour retrouver ses vingt francs.

— Laissez donc, mon cher, dit d’Orsay, je vais vous éclairer, et il allume à la bougie un billet de vingt francs pour aider le baron à chercher son louis…

De nos jours, les Rothschild seraient encore mis au pas s’ils se frottaient à quelque écrivain qui eût conservé les sentiments de fierté d’autrefois, mais ils n’ont plus à redouter de rencontrer un d’Orsay dans l’aristocratie.

L’aristocratie, du moins celle qui figure dans les comptes rendus des journaux parisiens, est littéralement vautrée aux pieds des Rothschild ; elle regarde comme un honneur d’être reçue par eux et la baronne Alphonse a pu dire ce mot prodigieux dans la bouche d’une Juive : « Je ne puis pourtant pas inviter tout le monde ! »

Il y a dans cet avilissement quelque chose de véritablement incompréhensible. Quel exemple plus frappant du