Aller au contenu

Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous sommes fardées de céruse, parées de belles robes, et que nous sommes là, folâtrant et chantonnant entre nos dents, pour attirer quelque passant ? » Aristophane revient à la mémoire, devant ces beautés surannées qui furent à l’apogée au moment du Congrès de Paris, qu’on trouvait déjà décrépites à la fin de l’Empire et qui s’obstinent à promener éternellement une figure qui ne change plus, qui semble avoir déjà l’immobilité des choses mortuaires.

C’est d’ailleurs une des singularités de notre époque que ce bataillon immuable. Autrefois quand, selon l’expression du poète, « la course de la vie était à moitié faite, » on se décidait, non pas sans un gros soupir peut-être, à ce qu’on appelait la retraite ; on quittait dignement cette scène du monde sur laquelle on a fait, jadis, aux heures radieuses de la jeunesse, un personnage parfois brillant. Aujourd’hui, on ne peut pas se résoudre à disparaître, et certaines figures de mondaines, aperçues tout à coup sous une lumière trop crue, produisent l’effet de ces squelettes que le Moyen Age se plaisait à représenter habillés de soie, couverts de bijoux, chargés d’ornements, grimaçant quelque horrible sourire avec des yeux vides, des lèvres parcheminées, des bouches sans dents.

A travers cette Priapée qu’éclairaient mille clartés se mêlant aux derniers feux d’un soleil de juin qui se couchait sur l’Arc de Triomphe, allait et venait, au milieu des propos grivois, Judic, acclamée par tous les Juifs et guidant un petit âne que caressaient toutes les grandes dames et qui semblait, comme l’âne d’or d’Apulée, sorti tout à coup d’une fable milésienne. Sur un théâtre improvisé, le comte de Fitz-James jouait le Vitrier, et ce descendant d’un compagnon des Stuarts proscrits histrionnant