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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/134

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dans ce jardin où étaient tombés sanglants au 10 Août les défenseurs des Bourbons, ajoutait par sa présence je ne sais quel piquant à cette fête singulière.

Aux grilles, la foule du Paris des dimanches regardait, criait, apostrophait, hurlait, vociférait, sifflait. A la fin, elle pressa doucement sur la faible haie des gardiens de la paix qui essayait de la retenir et elle entra. Alors ce fut une cohue affreuse, où gens du monde et gens du peuple, gommeux en habit noir et ouvriers en blouse, grandes mondaines et plébéiennes roulèrent pêle-mêle le long des Tuileries en rythmant leur descente sur un chant d’Evohé. — C’est la protestation contre les décrets ! dit un Juif en voyant monter dans sa voiture une duchesse qui, quelques mois auparavant, levait les yeux au ciel et criait à l’abomination de la désolation[1].

Comment sont distribués les fonds ainsi recueillis ? C’est une question qu’il serait peut-être imprudent de poser. Il en est de ces comités comme de certains comités électoraux.

Le comité Dupont
Composé de Dupont,
Présidé par Dupont,
A désigné Dupont.

  1. Ce sont tout à fait les mœurs du Directoire, avec l’hypocrisie religieuse en plus, et en moins le tempérament, la vitalité débordante d’alors, le fier courage des conspirateurs royalistes. Dans son charmant volume la Française du siècle, Octave Uzanne cite un passage de la Journée de Paris, de Riffaut, qui est tout à fait dans la note du jour. Polichinelle raconte ses impressions dans un bal : « Je vis un beau jeune homme et ce beau jeune homme me dit : Ah ! Polichinelle, ils ont tué mon père ! — Ils ont tué votre père, et je tirai mon mouchoir de ma poche lorsqu’il se mit a danser :

    Zigue, zague, don don,
    Un pas de rigaudon »