Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/157

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journaux, sans exception, à propos de certains hippodromes.

On y est volé, dévalisé, assassiné comme au coin d’un bois, avec cette aggravation que les escarpes, pistolet ou couteau au poing, opéraient la nuit sur les voyageurs, tandis que les suburbains, ticket en main, opèrent le jour, en plein soleil, sur les pontes. Le cynisme du vol s’y étale plus qu’en aucun autre endroit de la terre. Personne ne l’ignore et, chose incroyable, cette ignoble truanderie — où l’on retrouve, au vrai, le banditisme grouillant dans les bas quartiers de Londres — semble tolérée par la police, encouragée par les gendarmes, protégée par les magistrats. On se demande comment il se fait qu’aucune loi ni personne ne soient venus encore vider ces tapis francs des chevaux biseautés, des portées de jockeys, des séquences de bookmakers avec lesquels on coupe la bourse des parieurs, et rendre ces champs et ces pelouses à leur destination naturelle, qui est de faire pousser du sainfoin et des pommes de terre.

Il se passe là des scènes sans nom. Le cheval qu’on s’est arrangé pour faire gagner est en retard. On entend des tribunes les jockeys qui crient à leur camarade, en retenant leurs chevaux : « Mais, arrive donc ! »

Un jour c’est le jockey Andrews qui manque d’être assassiné par ses concurrents. Une autre fois la foule proteste contre une filouterie trop évidente dans une course entre Blonde II et Georgina. Les jockeys s’emparent d’un des manifestants, l’entraînent dans la pièce où ils s’habillent, le cravachent à tour de bras et le laissent à moitié mort[1].

N’est-ce point pitié de voir un homme, qui porte le nom de Castries, un descendant du vainqueur de Closter-

  1. Courses au bois de Boulogne, dimanche 5 octobre 1884.