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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/179

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saint Norbert, Vital de Mortain, Raoul Ardent, Hugues de Saint-Victor, Hildebert sont mieux informés des moindres détails de l’existence du XIIe siècle, qu’un chroniqueur d’aujourd’hui de ce qui se passe sur le boulevard. Pierre de Limoges a fait d’innombrables discours sur les coiffures. Etienne de Bourbon vous parle comme un couriériste mondain des robes du XIIIe siècle, des mi-parties, des-entaillées ou languées, des rigotées ou des haligotées. Les Maillard, les Cleré, les Menot ont continué plus tard ces traditions et Bourdaloue est, certes, aussi précieux pour l’étude de la Cour et de la Ville au temps de Louis XIV que La Bruyère et Molière.

Aujourd’hui, les prédicateurs remontent en sens contraire le courant qui porte les écrivains vers une étude plus sincère et plus serrée des hommes et des chôses de leur époque. Ils évitent les questions à l’ordre du jour, l’actualité vivante ; ils se contentent de défendre des dogmes que nul ne songe même à discuter parmi ceux qui fréquentent les églises. A écouter ce qu’ils disent il semble qu’ils prêchent pour des gens qui sont morts depuis trois cents ans. Je n’ai entendu affirmer qu’une fois, avec éloquence, les devoirs des privilégiés de la fortune et flétrir les imbéciles excès du luxe et c’était dans une église du quartier Mouffetard !

Les curés des paroisses riches ne veulent point qu’on parle chez eux des Cercles, des courses, des excentricités de toilette. Hommes de bonne compagnie pour la plupart, d’une irréprochable conduite, ils sont reçus avec égards dans des maisons où la chair est bonne et c’est la chaire-chrétienne, à son tour, qui doit répondre par ses ménagements aux politesses dont ils ont été l’objet.

Ce qui est particulièrement curieux, c’est que, nulle part,