Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/180

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au milieu de ce gaspillage, vous n’apercevrez ce bel entrain, cette joyeuse insouciance du lendemain, ce scepticisme spirituel qui fait comprendre que certaines époques s « soient ruées dans le plaisir en disant : Après nous, le déluge ! Ces dépenses folles et que rien ne justifie se concilient avec des affectations de sentiments religieux, des soupirs sur les persécutions, des lamentations sur les enfants qu’on prive de Dieu.

Ce contraste est une des choses qui étonnent le plus les Juifs, dont l’esprit étroit a de la netteté et de la précision. Je me rappelle avoir entendu fortuitement la conversation qu’avait une dame, fort en vue dans les œuvres de charité, avec sa couturière qui lui essayait une robe. C’était abracadabrant. La brave femme mêlait ses gémissements sur l’école athée à des recommandations insensées sur sa toilette.

— Quelle époque ! Quelle génération on nous prépare, ma chère madame X… ! Alors on détache maintenant les traînes ?

— Oh ! C’est parfaitement décidé…

— Ce sont ces pauvres âmes d’enfants que je plains… Avec un semis de roses, ce ne serait pas mal.

— Certainement, madame la comtesse, certainement…

— Les malheureux ! Ils enlèvent jusqu’au crucifix… Des pans restreints et pas de quilles !

Puis elle partit, toujours pleurant sur le malheur des temps et, sur le seuil, se ravisant, elle dit : décidément, mettez des quilles ! La couturière pouffait, et il y avait de quoi ; son rire, longtemps comprimé, retentit sonore quand la porte fut fermée.

— Avec ce qu’elle dépense en un an, fit-elle, elle sauverait toutes les âmes d’enfants de son quartier !