Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/191

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sur la manchette de sa chemise. Il signait du pseudonyme de Jean de Paris. Ce fut alors, en 1869 je crois, que M. Carle des Perrières, qui signait Curtius au Nain jaune, et qui a publié un intéressant volume sur le monde des joueurs : Paris qui joue et Paris qui triche, le fit figurer dans sa galerie de Figures de cire.

L’étude, d’ailleurs, est charmante, elle a l’allure vive et la verve narquoise d’une ballade de Henri Heine.

Habits à vendre ! vieux habits ! vieux galons ! chapeaux à vendre !

C’était la devise de la famille. Disons-le, cette devise leur est toujours restée fidèle. A quinze ans, fatigué de son apprentissage dans le commerce des lorgnettes, le duc Jean équipa cent lances pour venir à Paris.

Paris, voilà la voie, voilà le centre pour une nature aussi industrieuse que celle du duc Jean.

A Paris, le duc fit un peu de tout, il essaya des lorgnettes, comme au Havre, mais cela ne lui réussit plus et, ne voulant pas déroger, avant tout, il se jeta dans les arts. C’est à dater de cette époque que le commerce des contre-marques a périclité d’une façon terrible.

A Paris, le duc Jean comprit vite le parti qu’il pouvait tirer de la vanité des uns, de la coquetterie des autres. La première année fut néanmoins assez dure. Il fit une expédition à Trouville-sur-Mer pendant laquelle il fut prouvé que le duc Jean savait beaucoup mieux manier le roi de trèfle que la Durandal.

On l’expulsa donc du Casino. Néanmoins, il réussit à s’accrocher là à une personnalité de la littérature élégante. A sa suite il entra dans le monde, non dans le vrai, mais dans le monde faux que fréquentent les jeunes gens et les journalistes, et, grâce à l’influence de son chaperon, il en arriva à avoir droit de cité parmi la jeunesse qui déjeune chez Bignon et dîne au N° 6 de la Maison d’Or. Mais quel droit de cité, mon Dieu ! Quelle existence de passer pour le grotesque et le plastron d’un cercle de jeunes gens, de côtoyer sans cesse la haute vie, les soupers et les filles et de n’avoir jamais que les miettes des uns et les cheveux gris des autres.