Aller au contenu

Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le plus étonnant, cependant, de tous les journalistes chanteurs, c’est Simia. Simia, à parler net, est un phénomène spécial à l’époque. Nul siècle n’a produit de type de basse corruption comparable à celui-là, nul siècle n’en produira jamais. Le Juif moderne s’incarne tout entier dans cet être hybride et singulier.

Un jour la reine de Roumanie demanda à Blowitz, qui avait été inaugurer le train éclair, à quel pays il appartenait. « Mon dieu, Majesté, répondit le Juif, je n’en sais rien, je suis né en Bohême et je vis en France où j’écris en Anglais » (il aurait pu ajouter pour l’agrément de la Prusse). Comme cosmopolite, Wolff est plus complet encore ; il n’a pas de patrie, il n’a pas de religion, il n’a pas même de sexe. Ce neutre, encore une fois, est un produit unique qui ne rentre dans aucune classification existante.

Bastien-Lepage a peint ce mélange de batracien et d’antropopithèque et le portrait a paru ressemblant. Chacun, en effet, a entrevu, un jour ou l’autre sur le boulevard, cette créature bizarre qui fait songer à ces grosses personnes que l’on aperçait dans certaines maisons avec des bonnets à fleurs sur des têtes difformes, des seins ballants dans des camisoles sales et une solennité véritablement comique dans l’accomplissement de leur mission. De ces matrones étranges, Simia a le sourire engageant et sinistre, il a d’elles aussi la façon prudhommesque de parler de la bonne tenue de la maison des lettres en discutant les questions malpropres qui l’attirent de préférence.

Il nous faut faire avec la plume ce que Bastien-Lepage a fait avec le pinceau. Cet ouvrage, effectivement, ne serait pas complet si Wolff n’y figurait pas. Nous avons pour guide, d’ailleurs, une des productions les plus caractéristiques de ce temps, le monument élevé par un jeune Juif