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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/241

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ralliement, le sabre des pères qui, brandi dans les charges héroïques, a tant de fois sauvé la Patrie[1].

L’œuvre démoralisante, je l’avoue, est réussie et vraiment juive. L’homme qui l’a écrite était au courant et savait de quoi il retournait. Les mots de 1867 semblent autant de

  1. Un grand chrétien qui, après avoir été un soldat intrépide est devenu un orateur de premier ordre, nous racontait l’impression qu’il avait éprouvée en entendent le souvenir du général Boum évoqué tout à coup en 1870 dans la retraite de Saint-Avold sur Metz. On cheminait la nuit, dans la tristesse de la défaite présente, avec l’appréhension du désastre qu’on sentait venir. Les têtes de colonne des régiments se confondaient avec l’état-major des généraux. Soudain, un vieux colonel, qui ne décolérait pas depuis le commencement de la campagne, se mit a parler des Juifs, d’Halévy, d’Offenbach, de la Grande Duchesse, à maudire les histrions et les railleurs qui avaient apprit à la France à mépriser le drapeau. Quelle réponse au choix de l’Académie que cette conversation sur le chemin de Metz ! Cette marche, du reste, a frappé profondément tous ceux qui étaient là. Il en est question dans le journal du siège de Metz, que le peintre Protais a rédigé et qu’il ne veut pas publier encore. Le court fragment, que l’auteur a bien voulu nous communiquer, est vraiment saisissant :
        « Nous partons. La nuit est grise. De grands nuages courent sur le ciel blafard. La lune est entièrement voilée. Par moments tombe une petite pluie fine et froide. Nous suivons au pas, silencieux, encapuchonnés dans nos manteaux, la route de Metz, bordée de grands peupliers, qui profilent leur longue silhouette noire sur le ciel. Pas d’autre bruit que le son mat des fers de nos chevaux sur le sol mouillé. À notre gauche, au loin, les lueurs pâles des feux du bivouacs. Pas une parole, pas un geste ; de temps à autre un cheval qui butte. Nous marchons ainsi, chacun absorbé dans ses propres pensées. Je ne sais quel est mon voisin. C’est vraiment sinistre. Nous traversons un village ; les pieds des chevaux résonnent sur le pavé. Quelques fenêtres s’éclairent, s’ouvrent, et une ou deux figures inquiètes regardent passer cette sombre file de cavaliers. Nous passons et nous voici de nouveau sur la route. Les feux ne sont plus que de vagues blancheurs bien au loin. Je me sent profondément triste, je pense à ceux de nous qui vont peut-être mourir. Cette nuit semble ne jamais devoir finir. Le jour paraît enfin, sans soleil, gris, morne, glacial, mais c’est le jour ! On se