Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pronostics pour 1870. Le général Boum, qui déclare que l’art de la guerre consiste à « couper et à envelopper, » raconte d’avance nos malheurs et c’est bien notre pauvre armée qui se rend « par trois chemins vers un point unique où elle doit se concentrer. »

Incontestablement le public des Variétés n’est guère accessible à des sentiments bien hauts et cependant, à la reprise, quand on entendit le pitre, qui représentait le général Boum, s’écrier : « Ous qu’est l’ennemi ? » il y eut tout à coup un grand silence. Pendant une minute, dans cette salle pleine de ces gommeux de ces boursiers, de ces comédiens, qui composent ce qu’on nomme le Tout Paris, se dressa le spectre de l’invasion et le douloureux fantôme de la défaite. On revit nos généraux interrogeant l’horizon de cette France dont ils ne connaissaient pas les chemins, nos régiment toujours surpris et nos malheureux soldats tombant par milliers sous les balles sans savoir d’où elles venaient.

Si on eût demandé à une des filles plâtrées qui étaient là ce qu’elle pensait de cette œuvre qui semblait destinée à éteindre d’avance toute flamme vaillante dans les cœurs, elle se fût écriée : « Elle est ignoble ! » Camille Roussett, le savant historien, Alexandre Dumas, l’auteur des belles Lettres de Junius, Sardou, l’auteur du drame émouvant de Patrie, ont dit : « Cette œuvre est belle et nous récompensons l’auteur en lui accordant un honneur que n’ont obtenu

    ranime ; on se rapproche un peu les uns les autres. La pluie a cessé. On allume cigares et cigarettes, et l’on cause à voix basse comme si nous craignions de troubler le repos de ce pays malade. Devant nous marchent les généraux muets. Les nouvelles sont mauvaises. Loin d’être vainqueur, le maréchal Mac-Mahon serait en pleine déroule, mais on ne sait rien positivement.