Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/285

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de haut, pour tracer un exact et vigoureux tableau de la décomposition actuelle, pour secouer les ministres républicains sur leur banc, pour leur dire : « Eh bien ! voilà donc ce qu’a produit votre République, qui accusait les régimes antérieurs de corruption ? Vous en êtes à demander la proscription en masse des Français coupables de n’avoir pas de rentes, vous réclamez des mesures dont tous les gouvernements qui vous ont précédé se sont passés pour maintenir l’ordre ! »

Si la plupart de ceux que cette loi menace sont peu dignes de sympathie, la loi n’en est pas moins monstrueuse. Solvere poenam, payer sa peine, disaient les anciens. Une fois qu’il a acquitté sa dette à la société, le condamné est libre. Nul n’a le droit de greffer sur une condamnation un châtiment nouveau, un châtiment que l’on regardait jadis comme le plus terrible de tous : la privation à perpétuité du sol de la patrie[1].


    peines qu’il entend infliger. Or, contestez-vous que la relégation à perpétuité soit une peine, et pensez-vous que cette peine sera sérieusement définie si, dans le système de la commission, le Gouvernement peut, ad libitum, appliquer cette peine de ces deux manières : ou envoyer les récidivistes herser les blés de la Beauce, sarcler les betteraves du Soissonnais ou bien creuser des canaux à la Guyane au milieu des marais pestilentiels de cette colonie ? »
        « On pourrait, ajoutait-il, en s’en tenant à la rédaction de la commission, résumer ainsi le projet de loi : les récidivistes seront, à l’expiration de leur peine, remis à la disposition du Gouvernement, qui les enverra où bon lui semblera et les soumettra discrétionnairement au régime qu’il jugera le plus convenable. »

  1. « Au risque d’être accusé de sensiblerie par le ministre de l’intérieur, disait encore M. Buffet, je n’hésite pas à déclarer que, dans l’intérét sacré de sa défense contre les pires malfaiteurs, la société n’a pas le droit de violer à l’égard de ces êtres dégradés les règles de la justice. »