Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/287

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ment bien humaines. L’échelle des peines, que Beccaria et l’école du XVIIIe siècle voulait abaisser, s’élève maintenant jusqu’aux proportions de l’échelle de Jacob.

Les députés catholiques n’ont pas envisagé ces choses comme il fallait ; ils n’ont pas pensé à défendre des droits imprescriptibles et sacrés même dans ces êtres pervertis par le gouvernement actuel, systématiquement privés de l’enseignement religieux qui aurait pu les aider à se relever après une première chute.

Pour les chrétiens d’autrefois, le pauvre c’était Jésus-Christ en personne, et la règle de saint Benoit recommande formellement de recevoir celui qui se présente pour demander un morceau de pain, comme s’il était le Sauveur lui-même. Au seuil du réfectoire des Bénédictins de Solesmes, on trouvait le Révérendissime abbé à l’époque où j’y vins, c’était Dom Guéranger, chargé d’années et illustre entre tous par sa science, qui présentait l’aiguière à l’hôte et lui lavait les mains. D’innombrables récits du Moyen Age sont la mise en scène de cette idée. Un malheureux en haillons est assis sous le porche d’une église, et tend la main à l’aumône ; soudain les humbles vêtements rayonnent, et l’on s’aperçoit que c’était le Christ qui était là.

En pareil cas, les catholiques d’aujourd’hui, M. de Mackau en tête, iraient-ils trouver le Franc-Maçon Caubet et lui diraient-ils : « Cet homme est pauvre, il n’a pas de domicile, il offusque notre vue, envoyez-le crever à la Guyane[1]. »

  1. Dans son numéro du 19 août 1885, la Lanterne juive annonçait, avec des fanfares de triomphe, qu’un moine franciscain arrêté à Briare, venait d’être condamné à trois mois de prison par le tribunal de Gien. Si ce moine, comme il doit le faire pour être fidèle à son