Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/289

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complètement, grâce à la concurrence que nous font l’Europe et l’Amérique.

L’ouvrier parisien a perdu la suprématie qu’il avait autrefois et les peuples voisins tendent de plus en plus à se passer de nos produits. Tel est le lamentable aveu qui « échappe de toutes les enquêtes et de tous les rapports[1].

Les étoffes, les fleurs, les gazes, ce qu’on appelait l’article de Paris, tout cela, dans quelques années, sera exclusivement fabriqué à l’étranger.

D’après les présidents des chambres syndicales l’exportation des articles de Paris (tabletterie, bimbeloterie, lorgnettes, brosserie, éventails, boutons), qui atteignait, en 1875, le chiffre de 168,411,000 francs, était tombé, en 1884, à 91,930,000. De 42,189,000 (chiffre de 1875), l’exportation des fleurs artificielles et modes était réduite, en 1884, à 27,602,000. La situation s’est encore aggravée en 1885.

La plupart des mobiliers viennent aujourd’hui d’Allemagne et M. Marius Vachon, dans son rapport à M. Turquet, nous a donné des renseignements effrayants pour nous sur les progrès accomplis par certains peuples. La Russie, par exemple, qui semblait devoir être à jamais notre tributaire pour tout ce qui touche à l’élégance et à la mode, est arrivée à se passer presque complètement de nous, « Le meuble, qui était une des branches les plus florissantes de notre commerce avec Saint-Pétersbourg et Moscou, a presque entièrement disparu du marché russe. »

  1. Voir l’Enquéte sur la situation des ouvriers et des industries d’art, le Rapport sur les musées et les écoles d’art industriel de M. Marius Vachon, et un volume du même écrivain : La Crise industrielle et artistique en France et en Europe.