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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/341

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Un frisson passe dans la salle quand, s’adressant au garde des sceaux qui baisse la tête, l’orateur lui dit : « Vous êtes le maître de l’action publique ; pourquoi ne la mettez-vous pas en mouvement ? Il y a des coupables, cherchez-les et punissez-les ! »

Il est peu vraisemblable, évidemment, que Martin-Feuillée, qui a eu probablement sa part du gâteau, commence une instruction contre lui-même[1] ; mais les foules, je le répète, sont toujours promptes aux impressions, et tout le monde se demande si Tirard ne va pas avoir le sort de Teste.

Le Vénérable de la loge l’Ecole mutuelle était pâle comme un mort, il fit sans doute le signe de détresse en élevant les deux mains croisées au-dessus de sa tête. Soudain, des bancs de la gauche partent des vociférations, des cris confus, des interruptions assourdissantes. On veut empêcher à tout prix M. Oscar de Vallée de poursuivre sa courageuse harangue. Les Maçons descendent au bas des gradins pour mieux insulter celui qui dévoile les scandales d’un des leurs. On distingue, parmi les plus exaltés, Deschanel et Laurent Pichat de la Clémente Amitié, le Juif Millaud de la Fraternité progressive, Testelin de l’Etoile du Nord qui croit qu’on parle une langue étrangère lors-

  1. Dans le procès d’un pauvre diable de commis-greffier, nommé Lebas, poursuivi au mois de janvier 1885 pour violation du secret professionnel, M. Falateuf lut d’innombrables lettres et dépêches qui prouvent que le riche boursier Mary Raynaud était tenu au courant des moindres phases de l’instruction commencée contre lui, par M. Lenoël, sénateur républicain ; le garde des sceaux faisait porter les pièces chez l’accusé pour qu’il pût préparer d’avance sa réponse au questions embarrassantes. Il est possible, me dira-ton peut être, que ce garde des sceaux ne soit pas M. Martin Feuillée. M. Falateuf effectivement a dit : Martin Feu… et il s’est arrêté.